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Accès aux marchés alimentaires

Accès aux marchés alimentaires

Malgré une baisse entre 2014 et 2015, atteignant 1 500 milliards USD en 2018 (FAO 2020 : 4), les marchés agricoles ont connu, au cours de la dernière décennie, une croissance marquée en termes de volumes  d’échange et de revenus. D’après les perspectives agricoles 2021-2030 de l’OCDE et de la FAO (2021), la demande future de produits alimentaires est directement influencée par la pression démographique, la croissance et la répartition des revenus, et par les prix des denrées alimentaires. À l’échelle mondiale, l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’offre et la demande de céréales, d’oléagineux et de sucre est considéré modeste. Les prix internationaux de la viande, du poisson et des produits laitiers ont ainsi diminué sous l’effet de la Covid-19. Par exemple, les prix du poisson en 2020 étaient en moyenne inférieurs de 7% à ceux de 2019. D’après l’OCDE/FAO (2021), l’Accord sur la Zone de Libre-Échange Continentale
Africaine (ZLECAf) jouera progressivement un rôle important et positif dans la croissance de 20 à 35% (10 à 17 milliards USD) en produits agricoles et alimentaires d’ici à 2030

En Afrique subsaharienne, les ménages consacrent en moyenne environ 38% de leurs revenus à l’alimentation. Il existe cependant d’importantes variations d’un pays à l’autre. Par exemple, alors que ce taux est de 16% en Afrique du Sud, il est d’environ 50% au Nigéria (OCDE/FAO, 2021). La sécurité alimentaire et le bien-être économique sont particulièrement fragiles sur le continent à cause du prix des aliments ou des variations brutales des revenus. Alors que la majorité des aliments de base est produite pour la consommation intérieure, les importations prennent de plus en plus de place pour combler l’écart entre production et consommation intérieures, avec un déficit commercial devant se creuser au cours de la prochaine décennie, soit de 7 à 18 milliards USD en 2030 (OCDE/FAO, 2021). L’un des effets de la pandémie en 2020 a été l’augmentation des importations de céréales et d’huile végétale, tandis que les importations de viande et de sucre diminuaient avec les difficultés logistiques qui ont entraîné de longs retards aux postes-frontières terrestres (Njiwa and Marwusi, 2020).

La région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest a plus de potentiel de se nourrir de la production régionale agricole, de bétail/viande que de produits halieutiques de la sous-région (CILSS, 2019b). Cela devrait lui permettre d’être résiliente aux facteurs négatifs du marché mondial. À cette fin, conformément au Schéma de Libéralisation des Échanges de la CEDEAO (SLEC), les produits agricoles et alimentaires de la région doivent pouvoir circuler librement des zones de production vers les zones de consommation et des zones excédentaires vers les zones déficitaires.

Cependant, selon le CILSS, la circulation intrarégionale des produits agro-pastoraux et de la pêche est entravée par de nombreuses barrières telles que les tracasseries policières, les barrières tarifaires et non tarifaires, l’insuffisance d’informations sur la dynamique du commerce intrarégional et sur les opportunités commerciales. De plus, l’insuffisance dans la transformation des produits locaux contribue à la hausse des prix de revient des produits, réduisant la compétitivité des produits de la région au détriment des produits importés et limitant les gains en revenus, la création d’emplois le long des chaînes de valeur, et même l’accès aux populations vulnérables.

L’Accord sur la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) qui est entré en vigueur le 30 mai 2019 jouera progressivement un rôle important dans les échanges sur le continent. Avec le but de ramener à zéro 90% des lignes tarifaires sur une période linéaire de dix (10) ans pour les PMA et de
cinq (05) ans pour les autres pays, 81% des lignes tarifaires de l’Accord de la ZLECAf ont déjà été mises en oeuvre, malgré la lenteur de nombreux pays à soumettre leurs propositions de réduction des droits de douane (OCDE/FAO, 2021). Si tel que prévu, seuls 3% des lignes tarifaires sont exclues des exemptions, cela aura un effet positif important à moyen terme sur le commerce intrarégional africain. D’après les estimations récentes de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, l’accord devrait entraîner une augmentation

des échanges de produits agricoles et alimentaires sur le continent africain de 20 à 35% (ou de 10 à 17 milliards USD). Les gains intrarégionaux devraient être particulièrement importants pour les produits carnés, le lait et les produits laitiers, le sucre, les boissons et le tabac, les fruits et légumes et les noix, ainsi que pour le riz paddy et le riz transformé (OCDE/FAO, 2021 : 99).

L’Afrique de l’Ouest aurait donné la priorité au sorgho, au bétail, au poisson et aux produits de l’aquaculture, entre autres, comme produits de base stratégiques à développer dans des chaînes de valeur régionales. Selon l’analyse ressortie d’une visioconférence organisée du 26 au 27 mai 2021 et regroupant les organisations intergouvernementales et des acteurs du secteur privé8, la mise en oeuvre de la ZLECAf dans l’espace CEDEAO apportera à ce dernier, des bénéfices réels suite à l’augmentation prévue du commerce africain de 15 à 25% d’ici à 2040 (ZLECAf Côte d’Ivoire, 2021).