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PRÉSENTATION DU CONTENU DES AXES STRATÉGIQUES DU PLAN DE TRAVAIL 2023-2027

1. Axe stratégique Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN)

  
L’insécurité alimentaire et nutritionnelle est une problématique centrale et actuelle pour les États membres du CILSS. C’est pourquoi, elle est inscrite au coeur du mandat et des missions de l’Institution. En effet, nonobstant plusieurs décennies d’efforts des États avec le soutien de leurs partenaires, la sous-région ouest-africaine et sahélienne reste sujette à une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique. ces dernières années, cette insécurité alimentaire prend de l’ampleur et impacte particulièrement les populations vulnérables comme les ménages ruraux, les femmes et les enfants (plus de 32 millions de personnes ; PREGEC, 2022). Au quotidien, environ 40% de la population sahélienne vit l’insécurité alimentaire et utritionnelle ainsi que la malnutrition chronique. On note également une expansion géographique et une complexité des origines de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle

parmi lesquelles la sécheresse, la péjoration climatique, les mauvaises pratiques agricoles et la croissance démographique. À ces causes structurelles et lointaines s’ajoute désormais l’extrémisme violent qui, en créant la psychose et provoquant des déplacements massifs de population, réduit drastiquement les capacités productives des populations et contribue à renchérir les prix des denrées alimentaires ainsi que leur inaccessibilité.  À cela, il conviendrait d’ajouter les conséquences de la pandémie liée à la COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne. Dans le Plan de Travail des cinq prochaines années (2023-2027), le CILSS devra approfondir et déployer toute son expertise pour renforcer davantage et de manière continue, les capacités des États membres de par l’accroissement de leurs capacités de production à travers :

Le tableau n°1 ci-dessous donne des détails sur les résultats attendus de l’axe stratégique
SAN.

2. Gestion des Ressources Naturelles et Changements Climatiques (GRN/CC)

La bonne gestion des ressources naturelles traduit une bonne santé de l’environnement donc l’aboutissement des réflexions et la mise en oeuvre des engagements internationaux et des politiques adaptées en matière d’environnement par les pays. Ceci est l’expression du développement durable dans le triptyque économie-société-environnement.

Aujourd’hui, les défis de la GRN sont particulièrement l’insécurité alimentaire et les changements climatiques (HLPE, 2012). Les mesures politiques, stratégiques ou d’investissements, prises par les États membres pour relever ces défis, restent insuffisantes.

En effet, en raison de leurs systèmes de production encore majoritairement extensifs et de leur situation d’extrême pauvreté, les populations de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel demeurent très dépendantes des produits et services des ressources naturelles, ce qui est à l’origine de fortes pressions d’exploitation qui se font plus croissantes en raison de l’accroissement des populations humaines et animales Pour la période 2023-2027, le CILSS par l’axe Gestion des Ressources Naturelles et Changements Climatiques (GRN/CC) s’attèlera à combler les insuffisances et à les contrôler en s’attaquant aux défis suivants :

Tableau n°2 : Objectifs, résultats et extrants attendus de l’axe GRN/CC

3. Axe stratégique Maîtrise de l’Eau (ME)

 

Les activités agropastorales en Afrique de l’Ouest et au Sahel sont essentiellement pluviales et la subsistance de presque 70% de la population en dépend entièrement. Marginalement, l’agriculture se pratique aussi le long des rives des principaux fleuves, lacs, barrages et autres cours d’eau saisonniers, où se mènent des activités d’irrigation. Au Sahel, seules 3% des ressources en eau issues de pluies irrégulières et sporadiques sont mobilisées, et seul 20% du potentiel irrigable
de 4 millions d’hectares en théorie (source Banque Mondiale) est effectivement exploité avec seulement 5% en maîtrise totale de l’eau (source FAO aquastat). Les extrêmes climatiques de plus en plus fréquents ont des impacts dévastateurs pour les populations, les infrastructures. Leur prévisibilité devient une question cruciale de renforcement de la résilience de population, de développement économique et même de survie pour les populations. La question de la valorisation de l’eau pour l’agriculture dans cette région est aussi une question d’emploi et donc de stabilité politique, pour une population qui croit très vite et dont plus de la moitié se trouve encore en milieu rural. Tous les États du CILSS ont en priorité l’accroissement des investissements dans le domaine de la maîtrise de l’eau à des fins agricoles, à travers des PNI/ASAN et autres programmes d’aménagement des terres. Dans ce contexte, les Chefs d’État du CILSS ont déclaré que la maîtrise de l’eau et l’amélioration de la prévisibilité des catastrophes liées aux extrêmes climatiques constituent un axe de premier plan pour lutter efficacement contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire structurelle au Sahel et ainsi atteindre le mandat du CILSS. Dans la région sahélienne et ouest-africaine, l’action du CILSS doit contribuer davantage à placer la question de la valorisation de l’eau comme un facteur déterminant pour le développement économique et pour une lutte efficace contre la grande pauvreté et contre l’insécurité alimentaire. Cet axe stratégique contribue à renforcer la position du CILSS comme maître d’oeuvre régional dans le renforcement des partenariats pour l’investissement dans l’eau, dans la connaissance de la ressource, la production de l’information et la formation dans le secteur eau. L’action du CILSS, sur la période 2023-2027, se focalisera sur :

Le tableau n°3 ci-dessous donne des détails sur les résultats attendus de l’axe stratégique ME.

4. Accès aux Marchés des Produits Agro-Sylvo-Pastoraux et Halieutiques (AMPASPH)


La demande ouest-africaine des produits agropastoraux a fortement augmenté ces vingt dernières années sous la double pression de l’urbanisation et de l’élargissement des classes moyennes. En ce qui concerne la demande en produits carnés, elle est polarisée par les marchés des pays côtiers qui, malgré leurs politiques volontaristes de développement de l’élevage, restent encore tributaires des importations provenant des pays sahéliens. De leurs côtés, les pays sahéliens peinent à assurer l’équilibre entre croissance démographique et croissance de la production agricole, ce qui leur crée des besoins d’importation des produits vivriers à partir des pays côtiers.

Ces besoins croisés ont créé une forte interdépendance entre pays sahéliens et côtiers qui a fait que ces deux groupes de pays ont toujours entretenu des relations commerciales qui se sont fortement amplifiées. La contribution du CILSS au renforcement de ces liens commerciaux pour assurer un meilleur approvisionnement du marché sous régional est ancienne et a porté, en priorité, sur la fourniture de l’information commerciale, le renforcement des capacités des acteurs et la facilitation du commerce. Sur ces thématiques, le CILSS s’est forgé une grande notoriété dans la sous-région qu’il compte renforcer dans les années à venir. Cela appelle à un réajustement de l’offre des services aux besoins réels des acteurs, dans un contexte où la capacité de ces derniers à se procurer les informations commerciales s’est accrue. L’approche et les outils de travail seront donc recentrés autour des solutions numériques distinctives qui feront que le CILSS conservera son attrait sur les acteurs et le rôle de premier plan qu’il a toujours joué sur le développement du marché dans la sous-région. Le recours à l’intégration des outils numériques sera particulièrement intensifié dans le domaine de la promotion des échanges pour offrir aux acteurs un espace virtuel de rencontres dont les principaux avantages seront la baisse des coûts d’approche et la réduction des risques
liés au déplacement des personnes et au transport des liquidités dans un contexte de grande insécurité. La mise en place de solutions numériques pour stimuler le commerce vise également à permettre aux acteurs régionaux d’accéder plus facilement aux opportunités d’affaires extrarégionales qu’offre la mise en route de la Zone de LibreÉchange Continentale Africaine (ZLECAf).

À travers cet axe stratégique, le CILSS va également se redéployer sur les appuis à la transformation des produits agropastoraux, domaine dans lequel il a joué un rôle de précurseurs avec le projet PROCELOS. De façon plus générale, une attention particulière sera accordée à la gestion de la qualité des produits échangés dans la sous-région Enfin, les interventions entrant dans le cadre de cet axe stratégique visent à doter la région de réelles capacités d’anticipation sur les crises, mais aussi dans l’exploitation de nouvelles opportunités grâce à la mise en place d’un cadre de veille et de prospective sur les dynamiques marchandes. Dans son action, le CILSS mettra en avant la synergie avec d’autres OIG intervenant sur des champs similaires/voisins de l’axe stratégique. Par exemple, en matière de contrôle et de réglementation relatifs au commerce, l’UEMOA et la CEDEAO apparaissent comme des partenaires stratégiques pertinents.
Le tableau n°4 ci-dessous donne des informations sur les résultats attendus dans l’axe
stratégique AMPASPH.

5. Axe stratégique Population, Genre et Devéloppement (PGD)


La région Afrique de l’Ouest et Sahel est au carrefour d’enjeux importants liés à la population. D’après les perspectives démographiques élaborées par le CERPOD à partir de celles des Nations Unies (The World Population Prospects, the 2019 Révision), la population totale de l’espace CILSS est estimée à 177,9 millions d’habitants en 2022 contre 423,2 millions pour l’Afrique de l’Ouest, 1,4 milliard pour l’Afrique et 7,8 milliards d’habitants pour le monde. D’ici l’an 2050, l’espace CILSS doublera sa population de 2022 et sera crédité de plus de 354,9 millions d’habitants au 1er juillet 2050. À la même date, l’Afrique de l’Ouest comptera 796,5 millions d’habitants contre 2,5 milliards pour l’Afrique et 9,7 milliards d’êtres humains pour la planète. Cette poussée démographique est la résultante de l’effet combiné de la mortalité, de la nuptialité, de la fécondité et des migrations internationales (immigration et émigration). Actuellement, le CILSS et ses États membres sont en pleine transition démographique. Les taux de mortalité sont en baisse et les niveaux de fécondité demeurent toujours élevés. Le niveau de l’indicateur conjoncturel de fécondité oscille entre 2,2 enfants par femme au Cap-Vert (niveau minimum) et 7,1 enfants par femme au Niger (niveau maximum). Par ailleurs, aux flux migratoires intra et extrarégionaux déjà importants se sont ajoutés les déplacements internes et massifs de population du fait de la violence consécutive au terrorisme qui sévit dans le Sahel central (Burkina, Mali, Niger). À ce jour, on dénombre dans chacun des trois États (Burkina, Mali, Niger) plus de 2 millions de déplacés internes. Le CILSS, en soutien aux États membres, a accompli des progrès remarquables en matière d’études et de recherches sur les interactions démo-économiques, et en matière de conception, de formulation, d’opérationnalisation et de mise en oeuvre de stratégies, de politiques, de programmes et de projets de population au cours des dernières années.

Cela a pour but de maîtriser les enjeux et défis liés à la dynamique démographique afin d’accélérer le processus de transition démographique au niveau régional et dans chaque État membre. Plusieurs études et recherches sur les interactions démo-économiques ont été conduites et publiées par l’Institut du Sahel et tous les États membres ont été dotés de politiques explicites de population à des fins de développement économique et social. C’est pourquoi au regard de l’importance de la question et de ses implicationspour le développement des États de l’espace
d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, les résultats et les acquis scientifiques et techniques obtenus doivent être consolidés et renforcés.  Ceci est d’autant nécessaire que les besoins d’intervention du CILSS restent énormes et d’actualité au regard de la régionalité de la question démographique et des faibles capacités à la prendre en charge dans la majorité des États membres du CILSS. Au cours du prochain quinquennat, le CILSS à travers cet axe stratégique apportera un appui aux pays pour renforcer l’intégration des questions de population, de migrations, de genre, de dividende démographique et d’autonomisation des femmes et des jeunes dans les stratégies, politiques, programmes et projets.

Le tableau n°5 ci-dessous donne des informations sur les résultats attendus dans l’axe stratégique PGD.

6. Axe stratégique Gouvernance et Devéloppement Organisationnel (GDO)

. L’axe stratégique « Gouvernance et développement organisationnel » joue un rôle primordial dans le dispositif de fonctionnement du CILSS. Dans le contexte actuel marqué par la réforme qui responsabilise davantage les États à travers les CONACILSS, une plus grande attention doit être accordée à la manière dont l’Institution est pilotée pour y déceler les insuffisances et y apporter les ajustements nécessaires. Les différentes évaluations internes et externes ont montré que le CILSS a enregistré des progrès dans l’amélioration de la direction et du management ; mais, il apparaît que l’Institution doit répondre à de nombreuses questions liées aux dynamiques observées dans la région sahélienne et d’Afrique de l’Ouest dont la principale est « Comment assurer durablement le fonctionnement du CILSS tout en le recentrant sur son agenda ? »
Pour améliorer la stratégie d’intervention et l’alignement aux principes de l’approche programme, les évolutions majeures du CILSS porteront sur un certain nombre d’éléments, qui sont le pilotage et la coordination. Au plan du pilotage, le CILSS a obtenu des acquis qui méritent d’être renforcés. Les instances statutaires, les réunions de coordination, les retraites intersites des experts des PRA et UAM et le système de suivi-évaluation [cadres de rapportage et de programmation (POA)] sont opérationnels. Des actions de transformation intégrée avec le principe des audits conjoints par l’ensemble des partenaires et l’existence d’un audit interne indépendants et autres mesures ont permis une amélioration de la gestion financière et du rapportage comptable, de la communication et de la visibilité de l’Institution dans l’espace sahélien et ouest-africain.

Aussi, dans la dynamique engagée depuis des années, le CILSS a renforcé la qualité du management et son leadership à travers notamment l’amélioration de sa stratégie d’intervention, l’opérationnalisation effective de l’approche programme et le développement des partenariats avec les États et les autres OIG (CEDEAO, UEMOA, CEN-SAD, NEPAD, etc.). L’amélioration de la stratégie d’intervention du CILSS devra contribuer à ériger véritablement l’Institution comme le partenaire privilégié des États membres, des OIG et autres acteurs du développement au Sahel et en Afrique de l’Ouest. À ce propos, l’Institution qui, grâce au CRA, devient un centre de référence sur les services climatiques, devrait aller vite dans les réorientations nécessaires pour mieux tirer profit de cette opportunité. Au plan de la mobilisation des ressources financières, la nouvelle gouvernance et le développement organisationnel du CILSS devraient permettre de changer de paradigme pour que l’Institution sorte progressivement des contributions des États membres et pour une auto-prise en charge pour son financement durable. Les actions planifiées dans le présent PT 2023-2027 devraient y contribuer ; elles vont permettre de rendre visibles les réalisations du CILSS dans les pays, assurer le transfert des expériences réussies vers les États, les partenaires et les acteurs et son repositionnement dans l’environnement régional en pleine mutation. Le tableau n°6 ci-dessous donne des informations sur les résultats attendus dans l’axe stratégique GDO.

VIDEO DES 50 ANS DU CILSS

Lancement officiel des activités commémoratives du cinquantenaire du CILSS , le mardi 28 mars à Bamako au Mali. Capsule vidéo sur l’historique de la création du Comité permanent Inter-États de Lutte contre la sécheresse dans le Sahel et un vibrant hommage à la clairvoyance des pères fondateurs de cette institution unique 50 ans après.